Contes à dormir debout

Il est difficile d’analyser un recueil de contes, si l’on ne peut s’attarder à chacun. Les « Contes à Dormir Debout » sont de courts récits sans autre parenté que leur cadre et la verve de l’auteur. Les premiers sont situés en Provence, les derniers en Afrique Noire. L’auteur part le plus souvent d’un incident véridique, ou tout au moins admissible, et y mêle, le plus simplement du monde, l’exactitude et le merveilleux ; il tire le meilleur parti de la réunion du quotidien et de l’insolite — et chacun sait que l’insolite d’ici peut être le quotidien d’ailleurs et inversement, et que la différence tient souvent dans la façon de présenter les événements. Les contes qui composent ce recueil ne comportent donc pas tous l’élément « absolument invraisemblable » que semble annoncer le titre irrévérencieux que l’auteur leur a donné. Mais tous conservent leur allure un peu féerique, soit parce qu’un détail impossible est malicieusement incorporé à une trame parfaitement plausible, soit parce que l’authenticité d’un récit exotique ne correspond pas à nos critères habituels, soit parce qu’on a tendance à suspecter de duplicité une vérité trop candide, soit, tout simplement, parce que la réalité n’est pas si jolie ou amusante. L’ensemble est une charmante réussite de grâce et de légèreté auxquelles on aurait tort de résister. Assurément, les choses se sont passées ainsi que l’auteur le dit et, franchement, ce serait dommage qu’il ne l’ait pas dit — comme il serait dommage que vous ne lisiez pas les « Contes à Dormir Debout » dont la gentillesse, la très fine ironie et parfois l’émotion à peine perceptible, servies par un style d’une simplicité, d’une clarté et d’une pureté remarquables, feront la joie des lecteurs qu’ils emmèneront des garrigues Uzétiennes à la forêt vierge de Côte d’Ivoire avec la même heureuse fantaisie.