Le fracas des armes

Le malaise actuel des armées françaises touche tous les militaires : le contingent, auquel on impose un service militaire hérité d’une France rurale et analphabète ; les engagés et les professionnels de tous grades, qui constatent chaque jour les anomalies, les incohérences et les gaspillages dans l’utilisation des crédits, des matériels, des effectifs, des structures de commandement. Les cadres des armées veulent retrouver la considération de la Nation. Le Haut-Commandement souffre de son impuissance, d’une organisation inadaptée et paralysante, qui favorise les ingérences extérieures et augmente encore le malaise général, du haut en bas de la hiérarchie. Les imprécisions dans la définition des missions concevables pour les armées françaises, la confusion de la pensée, la constante déviation des buts de notre défense, ont favorisé le maintien de structures coûteuses, définies il y a près d’un siècle pour une mobilisation générale et un combat de masse en temps de guerre déclarée ; structures totalement inadaptées aux temps actuels, au traitement permanent des crises, et à la doctrine de la dissuasion nucléaire, qui rend inadéquate la ruée défensive aux frontières, autrefois en honneur. En définitive, les armées françaises présentent des caractéristiques de sous-développement incompatibles avec le niveau général de la Nation. Il n’y a que deux voies possibles : L’augmentation du budget militaire, le plus souvent préconisée, en particulier par les militaires, parce que plus facile. Mais il serait utopique d’espérer que le Gouvernement français puisse relever ce budget à un niveau tel que disparaissent les difficultés. La diminution indispensable des effectifs maintenus sous les drapeaux. Dans une armée de conscription, le seul moyen de diminuer les effectifs, est la réduction de la durée du service. Aujourd’hui, on peut transférer au secteur civil un certain nombre de tâches administratives ou techniques, dévolues sans nécessité à des soldats professionnels.