Les goûters de la grand-mère

Extrait: Mme Moreau était l’heureuse grand’mère de huit petits enfants que lui avaient donnés son fils et sa fille : quatre garçons et quatre fillettes. Tous les jeudis elle réunissait le petit troupeau qui s’amusait cordialement, malgré la diversité des âges, Oscar l’aîné de tous ayant déjà quinze ans ainsi que sa cousine Alice, et Mignonne la plus petite n’ayant pas encore atteint sa septième année. La maison de Mme Moreau, située aux portes de la ville, était entourée d’un beau grand jardin tout rempli d’arbres, de fruits et de fleurs. On laissait aux enfants la liberté de courir et de jouer à leur guise ; les fillettes cueillaient, des fleurs pour en faire des bouquets et des couronnes ; et si l’on avait envie de manger quelques fruits, la grand’mère indiquait où se trouvaient les meilleurs, et laissait le très-grand plaisir de les cueillir soi-même. Quand ce petit peuple avait bien ri, bien couru, bien dansé, il venait se grouper autour de la bonne maman qui surveillait les jeux, assise à l’ombre d’un grand catalpa. Alors la vieille Jeanneton, assistée des petites filles, dressait la table en plein air et la couvrait de tout ce qui pouvait exciter la convoitise des jeunes convives ; elle servait surtout de ces bonnes pâtisseries qu’elle faisait si bien. Un garçon et une fillette étaient chargés, chaque fois, de faire les honneurs du goûter, et les plus jeunes n’étaient pas ceux qui s’en acquittaient le moins bien. Le repas fini, Alice préparait le thé, ou bien Jeanneton servait à chacun du café dans des tasses turques grandes comme la moitié d’une coquille d’œuf, portée par une espèce de coquetier en filigranes d’argent.