Ma chance et ma réussite

Naître pauvre, perdre son père à six ans et faire ensuite fortune, histoire que l’on pourrait dire banale, mais qui devient extraordinaire quand on considère la réussite de Paul Pétridès. Quand il débarque à Marseille, sans argent, ce petit Chypriote de dix-neuf ans ne parle pas un mot de français. Bientôt, des compatriotes l’envoient à Toulouse, chez un tailleur où il gagne de quoi “monter” à Paris. Il s’y impose vite, car il connaît le métier. Il n’a que vingt-six ans quand, en 1927, un grand marchand de tissus le recommande à un important tailleur en déclin : il va rendre son essor à la maison, et c’est sa première réussite. Le miracle commence alors. Sa passion pour la peinture lui ouvre les portes d’un cercle d’amateurs d’art. Il y rencontre sa femme ; elle lui fera connaître les peintres qu’il admire. Et il avance, guidé par le génie d’une intuition peu commune... L’intuition : comment appeler autrement ce don qui est le secret de l’aventure exceptionnelle de Paul Pétridès, et qui va lui donner l’amitié des peintres de son temps, et la confiance de ses clients. Parmi beaucoup d’autres, Utrillo – dont l’auteur publie - dans ce livre - des pages inédites qui éclairent la vie et l’œuvre du peintre d’un jour dramatique – a tout de suite compris la personnalité de l’ex-petit tailleur chypriote. Cette connaissance des peintres, cette manière de les sentir, font de cette autobiographie d’un des plus grands marchands de tableaux du siècle, un panorama vivant de la peinture contemporaine. Et puis, dans le destin hors série de Paul Pétridès, il y a la chance... C’est peut-être sa fascinante empreinte, qui rend ce livre plus captivant encore.