La mémoire chacale

Pendant la guerre d’Algérie, deux appelés. Karl, qui raconte. Emmanuel, la pensée et l’attention totalement tendues vers Karl, qui écrit. Longtemps après, quand les choses se sont décantées. Qui raconte l’empreinte de Karl en lui. L’histoire de Karl, un garçon qui ne voulait pas se laisser broyer par le système, ni le militaire ni les autres, un type vraiment drôle aussi, inassimilable, à part. Il a connu la Résistance et la Libération à douze ans, puis le retour dans un collège où ce sont encore des garçons en armes, frais émoulus de toutes sortes de maquis, qui font régner la loi. C’est à cet âge-là que Karl découvre qu’il n’a plus peur, qu’il ne peut se soumettre à aucune forme d’autorité et qu’il commence à pratiquer, sans s’en rendre compte tout à fait, une forme de résistance intérieure qui fait de lui un rebelle et un exclu. Karl prend lui-même conscience de sa situation de type pas possible le soir où Louvier, le paysan rusé, le décrit et raconte les épisodes les plus épineux de la vie militaire de Karl aux autres appelés. Emmanuel écrit beaucoup plus tard, mais la brûlure de Karl hante encore sa mémoire. Karl, désormais lié - et pour toujours - à l’Algérie.