La mémoire des coraux

Très sensible aux conditions climatiques et océaniques, le corail construit des squelettes calcaires qui gardent en mémoire les variations des milieux régionaux et locaux. Pour cette raison, il témoigne des conditions dans lesquelles il a vécu. L'étude de colonies coralliennes massives permet donc d'accomplir un formidable voyage dans le temps. Cet ouvrage est le produit d'une recherche de terrain menée en Polynésie française, en particulier à Moorea et à Mururoa, et complétée par un travail de laboratoire. L'auteur cherche à caractériser les relations pluriséculaires entre, d'une part, la température de l'air et l'eau, l'activité solaire et les anomalies hydro-climatiques, d'autre part, les empreintes physiques, chimiques et biologiques laissées dans (et par) les squelettes coralliens. L'apport méthodologique tient notamment dans le développement d'une technique d'acquisition d'images par tomographie et le traitement des clichés, assurant une lecture plus fine et plus fiable des cernes d'accroissement du corail. Par ailleurs, le recours à une « analyse couplée » de mesures physiques et géochimiques sur des échantillons de taille variable précise le potentiel de reconstitution paléoclimatique de ce matériel. L'utilisation de plus en plus fréquente des biomarqueurs coralliens conduit la communauté scientifique à réfléchir sur leur fiabilité. Les signaux isotopiques, chimiques et physiques correspondent-ils uniquement à l'enregistrement des données climatiques ? Les récifs coralliens, et en particulier les colonies massives, représentent des archives incomparables du passé. En ce sens, ils deviennent des outils de prédilection pour l'étude des paléoenvironnements aux latitudes intertropicales et surtout pour l'établissement de modèles climatologiques prédictifs.