Par un charme fatal

C’est encore à Racine, et cette fois à Phèdre, que Mme Claude Labarraque-Reyssac emprunte le titre de son neuvième roman, par un charme fatal, titre justifié puisqu’elle nous raconte l’histoire d’une passion. Nous sommes en octobre 1947. Nicole Rodier, jeune veuve de trente ans, agrégée de lettres, maman de deux petites filles, est nommée professeur au lycée de garçons d’une ville de province. C’est la première fois qu’elle enseigne chez des garçons et Mme Claude L.-Reyssac analyse, à la lumière de sa propre expérience, l’état d’esprit d’une jeune femme qui doit s’imposer à cet auditoire difficile que constitue une classe d’adolescents de seize à dix-sept ans et, si possible, le conquérir. Son héroïne y parvient sans trop de peine, grâce à sa compétence, à son autorité naturelle, à sa gentillesse, à son ouverture d’esprit. Ses élèves l’écoutent et la respectent, tout en étant tous plus ou moins amoureux d’elle. À la fin de l’année, l’un d’eux (que ses parents lui ont imposé en leçons particulières) lui avoue sa passion. Troublée par cet adolescent déjà viril, la jeune femme cède. Ils auront trois mois de bonheur à la faveur de vacances à l’étranger. À la rentrée d’octobre 1948, éclate le scandale qui aboutira à un drame dont le récit rappelle fort celui d’un fait divers récent. Ce nouveau roman de Mme Claude Labarraque-Reyssac est un vibrant plaidoyer en faveur de son héroïne, victime de Vénus, comme Phèdre, mais aussi et surtout de l’imprudence des parents de son jeune amant, de l’incompréhension pudibonde de la petite ville et des rigueurs de la justice.