Recherches en psychiatrie sociale

La psychiatrie est une discipline complexe qui se laisse difficilement enfermer dans une définition exhaustive. Psychiatrie clinique, neurobiologie, psychanalyse, psychosociologie sont des approches différentes d’un même phénomène : l’altération des relations de l’être humain avec son environnement physique, affectif et social. Paul Sivadon, s’inspirant de Lecomte du Noüy, soutient que le médecin, dans son inspiration scientifique, constate des phénomènes dont la description dépend essentiellement de la distance à laquelle ils sont observés. Cette distance est liée aux instruments, aux techniques et aux concepts utilisés. Les progrès de la neurobiologie résultent du passage de l’observation du système nerveux à l’œil nu ou à l’aide de grossiers instruments d’optique, à la description de l’architecture moléculaire de la cellule (microscope électronique), et du fonctionnement intime des neurones dans le temps (chronobiologie) et sous l’influence de multiples drogues (neuropharmacologie). En quelques années, la pratique psychiatrique a changé de visage et ses succès ont valorisé le courant de la psychiatrie biologique. Mais l’ivresse du succès ne doit pas cacher que les phénomènes étudiés et maîtrisés concernent le seul versant neurobiologique des maladies mentales. Or, la psychiatrie, approche holistique des troubles de l’adaptation, ne prend son sens que par l’intégration du versant biologique et du versant psychosocial. Le courant de la psychiatrie sociale prétend apporter ce complément. La recherche, en ce domaine, fait appel à d’autres concepts, d’autres méthodes. L’ouvrage que voici rassemble une série d’articles, témoignant de la vitalité d’une approche originale du fait psychopathologique, élargissant le champ d’observation à la personne en situation, « aux objets », « aux événements » concernant les relations de l’individu et les groupes.