SECOUÉ

Ceci est le récit d’un procès d’assises. Je n’y démonte pas la mécanique judiciaire, mon but est tout différent : restituer la façon dont j’ai vécu ce procès, appréhendé ses acteurs et ses intervenants, jusqu’à l’énoncé du verdict et aux réactions qu’il a suscitées. J’essaierai de rester objective et factuelle, quitte à me répéter et malgré d’inévitables lacunes. C’est un exercice d’honnêteté et d’humilité, le travail d’un scribe au service du réel. Mais je ne m’interdis pas de donner mon interprétation personnelle et, parfois, j’évoque même des souvenirs intimes. Qu’est-ce qui pousse un parent à bout de nerfs, sans intention de nuire, à maltraiter son enfant au point qu’il décède ? Pourquoi un homme, qui n’a rien à se reprocher jusque-là, en vient à commettre l’irréparable ? L’histoire est complexe, et les apparences sont trompeuses dans ce qui se joue aux assises, cette scène où la société signifie à l’un de ses membres ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, ce qu’elle admet et ce qu’elle refuse. Avec toutes les conséquences que cela suppose pour celle ou celui qui a enfreint les limites. Les lecteurs ont dit : « La justice des hommes juge leurs actes, et non les systèmes, les enchaînements qui forgent les drames. » Bouffanges « Assister à un procès pour infanticide : on pourrait croire à une invitation à satisfaire des goûts de charognards. Non ! Nila Kazar nous fait vivre dans toute sa complexité une histoire familiale où les poisons distillés de génération en génération rencontrent la situation idéale (stress et sentiment d’échec d’un père ; obsession de perfection et de maîtrise d’une mère) pour transformer un couple ordinaire, éduqué, intelligent, travailleur, soucieux du bien-être de ses enfants, en couple meurtrier…Avec finesse et objectivité, sans pour autant faire l’impasse sur ses ressentis, Nila Kazar montre et démonte l’enchaînement desfaits et des causes. Un reportage bouleversant dans lequel l’auteur s’engage avec la plus grande authenticité.