Variétés critiques

On trouvera les éléments de ces VARIÉTÉS CRITIQUES dans les deux volumes publiés par Michel-Lévy — pour la première fois en 1868 — sous les titres de CURIOSITÉS ESTHÉTIQUES et de L’ART ROMANTIQUE. Quelques lignes ont été tirées des PARADIS ARTIFICIELS et des ŒUVRES POSTHUMES, dont un certain nombre de pages figurent aussi à l’APPENDICE du présent ouvrage, avec des extraits de la correspondance de Baudelaire et de la correspondance de Delacroix ainsi que huit poèmes empruntés aux FLEURS DU MAL. Aussi précieuse qu’elle fût au moment où elle vit le jour, la publication de Michel-Lévy a été composée un peu à la hâte, dans le souci louable de sauver du naufrage tous les articles dispersés de Baudelaire, qui renferment d’ailleurs un très grand nombre entre les plus admirables pages que nous lui devons. Nous nous garderons de blâmer cette pratique dont on a certes trop abusé, mais qui a du moins le mérite de conserver quelques pages que l’écrivain eût publiées un jour ou l’autre, si elle a l’inconvénient de conférer une immortalité forcée à certaines productions qu’il eût eu peine à reconnaître pour siennes et qui risquent de n’accroître en rien sa gloire. La gloire n’est pas affaire de quantité. Il est bien naturel qu’un homme qui ne sait pas lire tienne à posséder les œuvres complètes de l’abbé Prévost en soixante-douze volumes ou de Voltaire en quatre-vingts. Il est aussi naturel qu’un homme qui sait lire, mais n’en a pas toujours le temps, tienne à avoir à sa portée quelques extraits bien choisis de l’abbé Prévost ou de Voltaire. Mais comment choisir ces extraits ? Ce choix, ne nous le dissimulons pas, ne peut être que despotique. Et celui qui y procède ne peut l’accomplir sainement que s’il ne l’ignore pas. Car la plupart ne commettent, quand ils choisissent, qu’un acte de servitude. Les morceaux choisis se répètent dans les manuels jusqu’au jour où l’habitude les installe dans l’opinion.